Un exemplaire de la première carte portant le nom de l'Amérique et signée par le moine et cartographe allemand Martin Waldseemüller a été retrouvé « par hasard » à la bibliothèque universitaire de Munich en ce mois de juillet 2012.
Carte : Le planisphère de Waldseemüller, baptême de l'Amérique (1507)
Cette découverte qualifiée de « sensationnelle» par les responsables de la bibliothèque porte à cinq le nombre d'exemplaires de cette carte, âgée de plus de cinq cents ans et réalisée par Martin Waldseemüller (cartographe allemand né prés de Fribourg-en-Brisgau et installé à Saint Dié).
Illustration : Le cartographe Martin Waldseemüller « Hylacomylus » (1470-1520)
L'exemplaire original de cette carte souvent appelée « le certificat de naissance» de l'Amérique trône depuis 2007 dans la salle d'exposition de la bibliothèque du Congrès à Washington, protégée dans un caisson de verre spécialement conçu pour elle.
A Munich, la carte retrouvée, plus petite que l'original (aux dimensions de 2,32 m de long sur 1,20 m), a été retrouvée « par hasard » dans une reliure du XIXe siècle, entre deux imprimés de géométrie, a précisé la direction de la bibliothèque.
Détail Carte : Le planisphère de Waldseemüller, baptême de l'Amérique (1507)
Et Waldseemüller envoya Christophe Colomb et la Colombie à la trappe !
Carte de l'Amérique de Waldseemüller, 1507
C'est donc sur cette carte que Waldseemüller baptisa pour la première fois le nom d'Amérique au continent dont il attribuait, par erreur, la découverte à Amerigo Vespucci. Le personnage de Vespucci est figuré sur une des planches de la carte.
Petite explication, en juin 1498, à la suite de Christophe Colomb et de quelques autres navigateurs comme l'Espagnol Alonzo de Ojeda, une escadre explore l'Océan Atlantique pour le compte du roi Ferdinand d'Aragon. Elle accoste en Amérique du Nord, en Floride, entre la baie de Chesapeake et l'actuel cap Canaveral.
L'escadre est commandée par Juan Diaz de Solis et par Vincent Yanes Pinzon qui commandait la Niña lors du premier voyage de Colomb. À leurs côtés figure un homme de 46 ans issu d'une riche famille de Florence, Amerigo Vespucci.
Illustration : portrait d'Amerigo Vespucci (1454-1512)
La famille d'Amerigo est liée aux Médicis, qui gouvernent la république de Florence. Aussi le navigateur a-t-il soin d'envoyer des lettres et des documents à Lorenzo di Pier Francesco di Medici afin de l'informer de ses voyages et de se mettre en valeur. Sa lettre, judicieusement titrée « Mondus Novus » (Nouveau Monde), est un récit en italien destiné à des lecteurs cultivés mais ne connaissant rien des techniques de navigation. Elle s'acquiert un succès mondain surtout dû à des anecdotes sur la vie sexuelle des indigènes. C'est donc le premier à avoir affirmer et écrit que la terre nouvellement découverte n'était pas la Chine, mais un nouveau Monde et que, tracer une voie nouvelle vers l'Inde, supposait son contournement maritime. Malgré deux essais ultérieurs, il n'arrivera jamais à le démontrer au contraire de Magellan dont la première circumnavigation de l'hitoire fut achevée en 1522.
Christophe Colomb, quant à lui, restera persuadé qu'il avait atteint la Chine...
Traduite en plusieurs langues, cette lettre circule donc dès 1503 partout en Europe. Dans une version latine, on peut lire : « quam multa mirande in dies reperiantur » (Afin que les gens instruits puissent voir combien de choses prodigieuses ont été repérées pendant ces jours). Une copie est découverte à Paris en 1505 par le moine cartographe Mathias Ringmann. Celui-ci va la présenter au cénacle que le duc René II de Lorraine a réuni à Saint-Dié, dans les Vosges lorraines, en vue de mettre à jour la géographie de Ptolémée et d'établir un nouvel atlas.
C'est ainsi que Martin Waldseemüller, qui se fait appeler « Hylacomylus », prend note de la lettre d'Amerigo. Le cartographe allemand met à jour ses cartes et explique pourquoi les terres nouvelles devraient être nommées d'après celui qui les a selon lui découvertes.
À lire :
Le Nouveau Monde : Les voyages d'Amerigo Vespucci (1497-1504) aux Éditions Chandeigne
Amérigo de Stephan Zweig
Sources : AFP, Herodote
www.le-cartographe.net