C'est une guerre assez méconnue en Europe. Elle fut pourtant le théâtre d'un sanglant affrontement entre la Bolivie et le Paraguay, au sein d'une région particulièrement hostile. En causant la mort du quart des combattants engagés, elle reste une des guerres les plus meurtrières de tous les temps.
Géographie du Gran Chaco :
Origines de la guerre :
Ce conflit, comme pour la plupart des guerres latino-américaines des XIXe siècle et XXe siècle, trouve ses origines profondes dans l'incertitude des frontières ainsi que des compétences des institutions coloniales espagnoles, et l'absence d'occupation effective sur de vastes portions de territoires (problème juridique de l'« uti possidetis » (litt. « comme vous possédez ») qui peut-être « de jure » ou non (litt. « en droit ou de fait»)).
A l'origine, le Gran Chaco appartenait au même district espagnol (Audencia) dont est issue la Bolivie. C'est donc une région administrative bolivienne. Cependant dans les faits, les peuples boliviens de l'Altiplano, que ce soit la sous-classe quecha indienne ou les héritiés de l'aristocratie espagnole descendue des conquitadores, n'avaient aucun lien géographique avec les plaines torrides du Gran Choco ainsi qu'avec sa population autochtone. Bref, les boliviens n'y vivaient pas et n'y exploitaient aucune ressource.
Ainsi deux visions concernant l'appartenance de ce territoire s'opposent : au titre de jure bolivien celle d'une occupation de facto paraguayenne.
L'accès à la mer, nerf de la guerre :
Pour le gouvernement bolivien il fallait trouver un autre accès à la mer. Leurs espoirs se sont ainsi tournés vers la frontière orientale, la forêt boréale et son fleuve Paraguay. En effet, le Chaco qui lui permettrait de rejoindre l'estuaire de La Plata, sur la côte atlantique.
La guerre du Chaco :
Mais en 1932, le conflit devient inévitable et la guerre est déclarée. Les deux parties vont s'entre-tuer.
Le Paraguay aura gagné presque toutes les batailles du Chaco, souvent par un encerclement, les Paraguayens étant sensiblement supérieurs en nombre aux Boliviens. Une meilleure connaissance du terrain s'est avérée également décisive pour la victoire finale malgré une pauvreté en matériel. En réalité, après 1932, les camions, les stocks de pièces d'artillerie, de mitrailleuses et d'armes légères ont été obtenus à partir de stocks capturés aux Boliviens.
Les deux pays ont terminé épuisés et sur le point de s'effondrer. En effet, la guerre se solda surtout par un désastre humain pour les deux pays. En plus des 100 000 victimes de guerre ( chiffre le plus « optimiste » ), on estime qu'il y a eu tout autant de morts, voire plus, pendant et après la guerre à cause des maladies comme la malaria, sans oublier la disparition de groupes entiers de soldats, essentiellement Boliviens, perdus dans un terrain plat et aride, sans repères ni infrastructures, couvert de broussailles épineuses et parsemé de marécages insalubres aux eaux viciées.
Cette guerre précipita aussi les deux pays dans un gouffre économique alors qu'elle aurait pu être évitée sans trop de difficulté par les puissances voisines, Argentine et Brésil et sans l'ingérence intéressée de nations extra-régionales éloignées, comme la Grande-Bretagne et les États-Unis. On ne compte pas également les multiples coups d'Etats qui s'en suivirent notamment au Paraguay.
Et le pétrole dans tout ça ? :
Film : la guerre du Chaco en photos
Sources :
- La guerre du Chaco, wikipedia.
- De nombreuses photos ici.
- Bon résumé de la guerre du Chaco sous l'angle de l'aviation : Chandelle, a Journal of Aviation History.
- La Guerre du Chaco et Le Comité International de la Croix Rouge (CIRC).