Avant sa conquête, pendant la guerre de Neuf Ans (1594-1603) et la capitulation des seigneurs O'Neill et O'Donnell devant la couronne anglaise, l'Ulster est la plus gaélique des régions d'Irlande et la seule province qui échappe totalement au contrôle anglais.
Peinture : Hugh Ó Neill (1550 – 1616), anonyme


La fin de cet affrontement annonce le sacre de Jacques VI d'Écosse qui devient Roi d'Angleterre en 1603. En unifiant les terres de ces deux couronnes, vient donc s'adjoindre celle du Royaume d'Irlande. Les premières plantations d'Ulster lui sont ainsi vendues dans le cadre d'une initiative britannique, association anglaise et écossaise, afin de les pacifier et de les civiliser. Une seconde vague de plantations est donc mise en place. A terme, la moitié des colons seront des Scots. Pour ce faire, six comtés sont intégrés dans la nouvelle plantation officielle :
- Armagh
- Fermanagh
- Cavan
- Londonderry
- Donegal
- Tyrone
Les racines de la question religieuse, la Plantation d'Ulster de 1609 :
Les terres des clans indigènes sont distribuées en lots, à charge pour le propriétaire d'y installer des cultivateurs et d'y construire des ouvrages de défense. Cela signifie que même si les colons sont installés dans de petites poches de terres confisquées aux rebelles, toutes les terres doivent être confisquées et redistribuées afin de créer des concentrations de colons britanniques autour des villes et des garnisons.
L'opération se solde par l'arrivée de 100 000 colons écossais et anglais, imprégnés d'éthique puritaine, dans le nord de l'Irlande, où il défrichent les forêts, drainent les marais et fondent des villes. Cette mise en valeur du milieu naturel repose en conséquence sur la spoliation et la déportation des Irlandais catholiques.
Carte : La Plantation d'Ulster en 1609

Un engrenage de révoltes et de répressions se met alors en marche et le sentiment calviniste d'élection se mue en préjugé sectaire.
En 1795, alors que des tensions sont encore très présentes, l'ordre d'Orange, aussi connu sous le nom d'Ordre orangiste, est fondé à Loughgall. Son nom est inspiré du titre de Guillaume III d'Angleterre, Prince d'Orange. Cet ordre est créé pour défendre le roi d'Angleterre et ses héritiers tant qu'ils maintiendront une constitution protestante en Ulster.
Photo : Peinture murale orangiste, North Boundary Street, Lower Shankill, West Belfast (Alain Miossec)


Un engrenage de révoltes et de répressions se met alors en marche et le sentiment calviniste d'élection se mue en préjugé sectaire.
En 1795, alors que des tensions sont encore très présentes, l'ordre d'Orange, aussi connu sous le nom d'Ordre orangiste, est fondé à Loughgall. Son nom est inspiré du titre de Guillaume III d'Angleterre, Prince d'Orange. Cet ordre est créé pour défendre le roi d'Angleterre et ses héritiers tant qu'ils maintiendront une constitution protestante en Ulster.
Photo : Peinture murale orangiste, North Boundary Street, Lower Shankill, West Belfast (Alain Miossec)

La révolution industrielle du XIXe siècle :
Au XIXe siècle, à la différence du reste de l'île, l'Ulster participe à la révolution industrielle. Nouvelle source de tension : le prolétariat protestant voit les catholiques misérables affluer des campagnes comme des concurrents et la bourgeoisie, dépendante de la Grande-Bretagne, s'oppose à toute autonomie irlandaise. Plus tard et paradoxalement, ce sont les élites protestantes libérales dublinoises qui contribueront à l'émancipation nationale. A ce titre, le premier Président de la République d'Irlande sera, en 1938, un protestant : Douglas Hyde.
Photo : Douglas Hyde (1860 - 1949)

Création de l'Irlande du Nord :
Quand Londres accorde à l'Irlande une indépendance conditionnelle en 1921, la géographie confessionnelle sert à justifier la partition de lîle, où les catholiques sont nettement majoritaires, les protestants l'emportant légèrement en Ulster. Mais la frontière de l'Irlande du Nord ne coïncide pas avec celle de l'Ulster. Les politiques britanniques préfèrent amputer l'Ulster de trois comtés à majorité catholique écrasante. Ce choix permit d'assurer le maintien de la suprématie protestante. Le nouvel état nord-irlandais est ainsi dirigé par des politiciens protestants élus par la majorité protestante du pays. Ces derniers enlèvent même aux Catholiques le droit de vote afin d'assurer leur suprématie.
Les conséquences de cette partition politique engendreront une permanence des affrontements sectaires et des tensions intercommunautaires qui, de nos jours, sont toujours présents.
Au fil des recensements, la proportion des Catholiques et le nombre de districts où ils sont majoritaires progressent.


Création de l'Irlande du Nord :
Quand Londres accorde à l'Irlande une indépendance conditionnelle en 1921, la géographie confessionnelle sert à justifier la partition de lîle, où les catholiques sont nettement majoritaires, les protestants l'emportant légèrement en Ulster. Mais la frontière de l'Irlande du Nord ne coïncide pas avec celle de l'Ulster. Les politiques britanniques préfèrent amputer l'Ulster de trois comtés à majorité catholique écrasante. Ce choix permit d'assurer le maintien de la suprématie protestante. Le nouvel état nord-irlandais est ainsi dirigé par des politiciens protestants élus par la majorité protestante du pays. Ces derniers enlèvent même aux Catholiques le droit de vote afin d'assurer leur suprématie.
Les conséquences de cette partition politique engendreront une permanence des affrontements sectaires et des tensions intercommunautaires qui, de nos jours, sont toujours présents.
Evolution démographique et confessionnelle de l'Irlande du Nord :
Au fil des recensements, la proportion des Catholiques et le nombre de districts où ils sont majoritaires progressent.
Carte : L'appartenance religieuse en Irlande du Nord par conseil de district

- Antrim
- Ards
- Armagh
- Ballymena
- Ballymoney
- Banbridge
- Belfast
- Carrickfergus
- Castlereagh
- Coleraine
- Cookstown
- Craigavon
- Derry
- Down
- Dungannon & South Tyrone
- Fermanagh
- Larne
- Limavady
- Lisburn
- Magherafelt
- Moyle
- Newry & Mourne
- Newtownabbey
- North Down
- Omagh
- Strabane
Conclusion : Les Eglises protestantes établies (presbytériens, Eglise d'Irlande) déclinent au profit des Eglises dissidentes (évangélistes, baptistes), tandis que les personnes se déclarant sans religion sont de plus en plus nombreuses. Seuls, 8 district councils étaient en 1991 à forte majorité protestante. Les données 2010, non disponibles, confirmeraient cette tendance.
Ces bouleversements démographiques entraineront-ils de facto un règlement du conflit ?
A voir sur la toile :
- le passionnant blog d'Alain Miossec sur les peintures murales d'Irlande du Nord
Ces bouleversements démographiques entraineront-ils de facto un règlement du conflit ?
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