France Inter - 2000 ANS D'HISTOIRE - La Première bombe atomique française (émission du 20 novembre 2006)
L'ère des essais nucléaires
Les essais nucléaires étaient destinés à vérifier le bon fonctionnement et la sûreté des armes, à tester de nouvelles formules et à approfondir les connaissances de la physique nucléaire. Ils avaient également une fonction de "démonstration" politique de la puissance militaire du pays.
Carte : Les essais nucléaires dans le monde
Certains États ont franchi le seuil nucléaire sans réaliser d'essai : il semble que soit le cas pour Israël (qui a probablement procédé par la suite à un essai en 1979, c'est l'incident Vela) et l'Afrique du sud (dont la formule d'arme, très simple, n'avait pas besoin d'être testée). L'incident de Vela est la possible détection d'un essai nucléaire par un satellite américain de détection d'essais atomiques, nommé Vela. Cet incident eut lieu à la date du 22 septembre 1979. L'éventuel essai nucléaire n'a jamais été revendiqué par aucun pays. Il a eu lieu à proximité de l'île sud-africaine Marion, à une époque où ce pays n'avait probablement pas les moyens de fabriquer une bombe atomique.
Graphique : Le nombre d'essais nucléaires par pays
Dans le graphique ci-dessus, on peut voir qu'au cours de l'année 1962, au plus fort de la guerre froide, pas moins de 178 essais furent réalisés. Quant à la plus grosse arme nucléaire testée au monde, la "Tsar Bomba" russe dont l'énergie déployée dépassa les 55 mégatonnes, elle fut testée en 1961. Elle représenta une explosion 3 000 fois supérieure à celle d'Hiroshima.
Carte : Le nucléaire et la Nouvelle-Zemble (Russie)
Dans les années 70, suite à une réflexion concernant les dégâts que pouvaient provoquer l'abondance des essais dans l'atmosphère, les États prirent progressivement la décision de réaliser des tests souterrains.
Enfin, le 15 novembre 2005, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) a été signé par 176 États, dont 125 l'ont ratifié. Pour qu’il entre en vigueur, les gouvernements des 44 pays susceptibles de détenir l’arme nucléaire doivent l’avoir signé, puis leurs Parlements respectifs, ratifié. Or il manque toujours les signatures de l’Inde, du Pakistan, et de la Corée du Nord, et la ratification des États-Unis et de la Chine. Ces deux derniers pays se sont engagés à participer à la mise en place du système de surveillance international, sans pour autant accepter de cesser tout essai nucléaire.
Carte - Le Système de surveillance international (SSI)
Conséquences des essais sur les populations
Les sites retenus pour les essais nucléaires atmosphériques sont situés le plus souvent dans des zones isolées comme des déserts (Névada) ou des îles océaniques parfois évacuées en vue des essais. Cependant la portée des retombées radioactives a causé des contaminations dont souffrent toujours les populations voisines.
L'exemple de Semipalatinsk (polygone d'essais nucléaires au Kazakhstan, premier et l’un des principaux sites atomiques soviétiques) :
- Entre 1949 et 1989, l’Union soviétique y fit exploser un total de 468 bombes atomiques dont 125 dans l’atmosphère et 343 sous-terre. Le site, qui s’étend sur 18 540 km2, a été fermé en 1991 par les autorités kazakhes, mais il n’est pas clos et les habitants des villages voisins y envoient paître leurs troupeaux. En 1997, l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) a confirmé que le site présentait de graves risques pour la santé publique. En effet, et selon plusieurs études concordantes, la proportion de personnes atteintes, notamment de cancers et de maladies mentales, dans les zones proches du polygone serait de 35 % supérieure à la moyenne du Kazakhstan.
13 Juin 2010 : Enfin un décret d'application concernant les victimes d'essais nucléaires :
Le Journal officiel a publié ce 13 juin 2010, le décret d'application permettant d'indemniser des vétérans et des populations civiles victimes des essais nucléaires français effectués entre 1960 et 1996. Ce décret fait suite à la loi du 5 janvier 2010, un texte qui avait été adopté par le Parlement le 22 décembre. Le décret permet d'indemniser les personnes atteintes d'un des 18 cancers figurant sur une liste annexée au décret (Leucémies, cancer du sein, du poumon, du colon, de l'estomac, du rein, du foie, des glandes salivaires...). Il détermine les zones du Sahara et de Polynésie française retenues pour l'application de la loi. Quelque 150.000 civils et militaires, selon le ministère de la Défense, ont participé aux 210 essais menés de 1960 à 1996 par la France, dans le Sahara algérien puis en Polynésie française, deux sites dont les populations peuvent également prétendre à indemnisation.
Reportage Arte : Les secrets des essais nucléaires
Sources :
La documentation française : Cimetières de sous-marins et zones d'essais nucléaires : les séquelles de la guerre froide.
Wikipédia : article "Essai nucléaire".
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