Le commerce du cannabis : premier trafic de drogue au monde
Originaire des contreforts de l’Himalaya le chanvre est l'une des plantes les plus anciennement connues et cultivées par l'homme.
Pourtant considéré comme une drogue (douce) depuis les années 1990 l'usage, la culture, la détention et/ou la vente du cannabis sont interdits en France et peuvent donner lieu à un an d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende (art L.3421-1 du code de la santé publique, arrêté du 22 août 1990).
En Extrême et Moyen-Orient, le chanvre (la plante dont est tiré le cannabis) est cultivé pour la fabrication de cordages, tissus, papiers, isolation… et sa résine est utilisée comme médicament pour soulager les spasmes, les troubles du sommeil et la douleur.
Photo : plante de cannabis
Le cannabis à été introduit en Europe au début du XIXème siècle par les soldats de
Bonaparte (ce dernier fut d'ailleurs agressé au couteau par un musulman sous l'emprise d'une ivresse cannabique) lors de la campagne d'Égypte de 1798 à 1801, et par les médecins anglais qui l’utilisaient de manière thérapeutique pour le traitement des migraines, de l’asthme et de l’épilepsie. Le cannabis sera utilisé en France sur le plan médical : chez les pestiférés en 1835 par le Dr
Louis Aubert-Roche ou en 1845 par le psychiatre
Paul Moreau de Tours dans le traitement des affections mentales. C'est aussi ces deux medecins qui créeront le
Club des Haschischins en 1844. Frequenté rapidement par Théophile Gautier puis par Delacroix, Nerval, Daumier, Baudelaire, Flaubert, Dumas, Balzac... on y retrouvera progressivement le gratin intellectuel parisien de l'époque.
Sur le continent américain, l'introduction du chanvre s'est effectuée en 1547 par les Espagnols et s'est poursuivie tout au long du XVIIè siècle avec le trafic d'esclaves africains. George Washington en personne en aurait cultivé ! Déclaré intoxiquant en 1886, il sera interdit pour la première fois en 1910 à la Nouvelle-Orléans, avant de connaître une prohibition fédérale en 1937. En Europe occidentale la dérive toxicomaniaque du chanvre sera tardive, la France le prohibera seulement en 1953.
Le principe actif du cannabis responsable des effets psycho actifs est le THC (TetraHydroCannabinol). Sa concentration est très variable (en moyenne entre 5 et 15%, mais elle peut monter à plus de 30%). Elle dépend de l’espèce et de la provenance de la plante.
Commercialisé sous la forme de résine et de fleurs (et plus marginalement sous forme d'huile), le cannabis alimente aujourd'hui le plus important marché de stupéfiants au monde. Chacun de ces deux produits donne lieu à un trafic distinct : les fleurs sont le plus souvent destinées à la consommation locale ou exportées vers les pays proches, alors que la résine de cannabis fait l'objet d'un trafic interrégional.
Schéma : les principaux pays producteurs de résine de cannabis
Le marché des fleurs de cannabis aux Amériques :
Sur le continent américain, le cannabis est essentiellement consommé sous la forme de fleurs, à la différence de l'Europe où l'usage de la résine est nettement plus répandu. Le marché américain est polarisé par les États-Unis. Pendant de longues années, Colombie et Jamaïque ont été leurs principaux fournisseurs. Ils ont été supplantés par le Mexique qui, au regard des saisies, apparaît aujourd'hui comme le grand producteur de fleurs de cannabis au monde. La production y est assurée sur de petites parcelles pour ne pas attirer l'attention des forces de l'ordre. Les champs de cannabis se concentrent dans la région pacifique et celle du centre-nord du pays. Les deux principaux exportateurs sud-américains de fleurs de cannabis sont la Colombie et le Paraguay. Si la colombie exporte sa production hors de la région, le Paraguay alimente le marché régional.
Carte : Les saisies mondiales de résine de cannabis
Organisation et profits du trafic de cannabis en France :
Si certains trafiquants se fournissent directement au Maroc, près de 75 % de la résine de cannabis mise en vente sur le marché français provient de grossistes établis en Espagne. Le paiement de la cargaison se fait en deux temps : la moitié sur place et le solde une fois la marchandise écoulée.
L'organisation du trafic au niveau local est mal connue. En travaillant à partir de sources policières, judiciaires et d'enquêtes de terrain, il est possible d'isoler trois types de trafics locaux : les réseaux familiaux, les réseaux de petits entrepreneurs et les réseaux d'usagers-revendeurs (peu coordonnés, constitués souvent d'usagers cherchant à financer leur consommation personnelle). Ces formes d'organisation du trafic au niveau local ne sont pas étanches : les acteurs glissent d'une catégorie à l'autre.
Carte : Estimation des profits du trafic de cannabis en France
Du cannabis au Haschich :
Le cannabis présente plusieurs avantages qui expliquent l'ampleur de sa diffusion. A la différence des autres plantes à drogue comme le pavot ou le cocaïer, il peut être cultivé dans la plupart des pays. Il pousse à l'état sauvage dans nombre d'entre eux. C'est une plante facile à produire qui supporte même la culture sous serre. La fabrication de la résine de cannabis est facile, peu coûteuse et ne nécessite pas de précurseurs. Une fois récoltées, les bottes de cannabis sont mises à sécher puis réduites en une poudre qu'on appelle la chira au Maroc. Tamisée, chauffée et pressée, elle est transformée en résine de cannabis, ou haschich. Cette résine est ensuite confectionnée sous la forme de tablettes (de 250 g généralement) sur lesquelles les producteurs apposent parfois un sceau de fabrication, qui est autant une marque de reconnaissance qu'un gage de qualité de leurs produit sur un marché concurrentiel.
Source :
Atlas des mafias,
Acteurs, trafics et marchés criminels dans le monde, Fabrizio Maccaglia et M.A. Matard-Bonucci (2009)
www.le-cartographe.net