De nombreux espaces naturels protégés peuvent être considérés comme "urbains", en raison de leur intégration dans une agglomération. A la fois grands jardins publics et garantie de biodiversité, ils sont nécessaires à la ville. Ils incarnent la proximité du " sauvage " et une plus-value esthétique.
Cette relation est pourtant conflictuelle, du fait de la pression urbaine et du tourisme, et peut même aboutir à l'exclusion des populations pauvres.
Le paradoxe des parcs nationaux urbains
Mais au delà de l'idée d'une nature " assiégée " par la ville, des politiques émergent dans les pays développés, composant avec la protection par une valorisation des écosystèmes, une éducation à l'environnement et des réglementations foncières strictes.
Les concepts de " nature urbaine ", de " biodiversité urbaine " permettent d'accommoder les espaces construits à la nature, dans une approche réparatrice.
Cependant, au Sud, la question du développement prime encore sur cette évolution de la relation ville-nature. A Rio de Janeiro, et plus encore à Mumbai, les parcs sont exposés directement à la fragmentation des milieux naturels, à l'étalement urbain et aux prédations diverses sur les ressources, avec souvent des réponses inégales.
La tentative de conciliation territoriale expérimentée à Rio - où la situation permet plus de marges de manœuvre - contraste avec la radicalisation des positions à Mumbai.
Au cœur de Rio (6 millions d'habitants), le parc national de Tijuca, dont le symbole est la statue du Christ Rédempteur (sur Corcovado) reçoit environ 2 millions de visiteurs par an. C'est une forêt tropicale secondaire en mosaïque, coupée par 45 km de routes.
La pression urbaine y est grande : pelerinages, feux de forêt, braconnage, divagations d'animaux s'ajoutent à l'extension de 100 bidonvilles dans un périmètre protégé par 5 gardes seulement.
Ce dernier sert de château d'eau, de poumon vert et de lieu de ressourcement pour les population urbaines, avec un site de loisirs et de pèlerinage à l'ouest du parc, et des enclaves urbaines au sud. En 1995, plus de 500 000 habitants vivaient dans le parc, par extension de l'habitant informel. Ici, le contexte ne permet pas la gestion participative : la pression sur la ressource en bois, le gibier et le foncier est extrêmement forte. La pauvreté des slums et la croissance urbaine, symbolisée par des tours verticales aux portes du parc, assiègent littéralement la forêt.
Carte : Le parc Sanjay Gandhi, une enclave dans Mumbai ?
Aujourd'hui, 150 000 personnes seraient encore dans le parc, avec l'accord tacite des forestiers.
La relation entre le parc et la ville achoppe donc surtout sur la question du sous-developpement et de la promiscuité spatiale.
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Article extrait de :
- Atlas des espaces protégés, Les sociétés face à la nature de L. Laslaz (Dir.) - S. Depraz - S. Guyot - S. Héritier, cartographie et infographies d'Alexandre Nicolas, aux Éditions Autrement, 2012