Musique : Claude Nougaro - Bidonville
La première définition écrite du terme anglais « slum » apparaît, dit-on, en 1812 sous la plume de l'écrivain et hors-la-loi James Hardy Vaux, dans son Vocabulary of the Flash Language, où il est présenté comme synonyme de « racket » ou « commerce criminel ». Aussi, pendant longtemps, le « slum » a été associé à un habitat sale et occupé par une population misérable et criminelle. En français, le mot « bidonville » a été employé pour la première fois en 1953 à propos du Maroc pour désigner littéralement des « maisons en bidons », c'est-à-dire un ensemble d'habitations construites avec des matériaux de récupération.
Aujourd'hui, on qualifie de bidonville, un logement qui possède à peu près les caractéristiques suivantes :
- - Surpeuplement
- - Logements informels et de piètre qualité, majoritairement situés en périphérie des centre-villes
- - Accès insuffisant à l'eau potable
- - Manque d'hygiène
- - Insécurité des personnes
- - Insécurité quant à la conservation de la jouissance du domicile.
En revanche, tous les urbains pauvres ne vivent pas dans des bidonvilles, et tous les habitants des bidonvilles ne sont pas pauvres. Bien que ces deux ensembles se recoupent pour l'essentiel, le nombre de pauvres urbains vivant en dehors des bidonvilles est bien plus important.
« C’est d’abord la misère rurale qui emplit les bidonvilles. Puis l’accroissement naturel prend le relais » Noël Cannat
Il existe probablement plus de 200 000 bidonvilles sur la planète, comptant de quelques centaines à plus d'un million d'habitants. Selon un rapport des Nations unies de juin 2006, près d'un citadin sur trois habite déjà dans un bidonville.
Comme le montre cette carte, la plupart des grands bidonvilles sont situés dans des pays en développement, mais, bien que ce soit souvent occulté, ceux-ci ont existé également dans les pays industrialisés et subsistent encore, mais de manière plus discrète.
(Paris, Porte d’Aubervilliers, 2006)
Typologie des bidonvilles
Plusieurs formes de typologie existent.
Mike Davis, dans son livre "Le pire des mondes possibles", réalise une typologie des bidonvilles autour de la question de savoir si oui ou non les nouveaux migrants ont les moyens de se loger à proximité des principaux sites de travail (centre/périphérie) puis après si le logement est formel ou informel :
- Les logements formels : vieux immeubles, immeubles construits pour les pauvres, logements publics, hôtels meublés des marchands de sommeil, location privée ou publique de cabanes.
- Les logements informels : squats autorisés ou non, subdivisions pirates de terrains, ainsi que les personnes vivant dans la rue. Dans le cas des logements informels, les opérations de « déguerpissement » sont courantes, surtout quand de grands événements se préparent (JO, visite d’État) ou à titre de répression politique (une manière de punir les habitants d’un quartier ayant voté majoritairement pour l’opposition). Les bidonvilles sont le terrain d’un marché foncier invisible où des titres de propriété douteux s’échangent sans que l’on ait procédé à une viabilisation des lots. La perspective d’une régularisation d’un quartier alimente un marché immobilier parallèle. Les prix des loyers et des terrains flambent dans les favelas à l’annonce d’une régularisation. Loger des pauvres est une affaire qui marche. Le retour sur investissement est rapide même si les logements sont dénués de tout caractère légal. Les propriétaires des cabanes, construites bien souvent sur des terrains appartenant à l’État, sont généralement des politiciens et des hauts fonctionnaires.
- - Les Taudis : le statut des occupants est variable (squatters, propriétaires, locataires...). Ces secteurs sont hétérogènes (quartiers populaires et taudis voisinent avec des îlots plus aisés occupés par des familles attachées à l'environnement traditionnel de leur communauté).
- - Les huttes itinérantes : abris sommaires réalisés avec des feuilles, de la paille ou de vieux tissus. Ce sont des îlots de 10 à parfois plus de 50 huttes, caractérisés par une absence totale d'équipements sanitaires.
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- Les quartiers de squatters : c'est l'occupation d'un terrain sur lequel on ne peut prétendre à aucun droit (quartiers illégaux,ville légale). Ces quartiers se créent selon deux procédés : la constitution progressive de slums (des familles initiatrices en attirent d'autres) et l'invasion préméditée et organisée d'une parcelle (le plus souvent menée par des leaders qui en tireront profit).
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- Les squatters en voie de régularisation foncière : la squatterisation peut parfois déboucher sur une régularisation de la situation foncière. La légalisation d'un slum aboutit souvent à une amélioration spontanée des logements et parfois à l'installation d'infrastructures sanitaires.Ces quartiers en voie de régularisation se situent souvent en périphérie.
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- Les quartiers réhabilités : ce sont soit des transferts de slums en périphérie éloignée (sorte de relocalisation), soit des quartiers de relogement in situ. Mais dans les deux cas, les réussites d'intégration sont rares. Dans le premier cas, le nouveau slum est deserté du fait de l'absence d'infrastructures de transports. Dans le deuxième cas on assiste souvent à une récupération par des catégories moins démunies du lieu.
Reportage sur les bidonvilles de Nanterre
Sources :
- Wikipedia : Article Bidonville