Un ensemble de cartes basées sur les différentes proportions d'ouvriers (ou ménages à revenus modestes), d'employés (ou ménages à revenus moyens) et de cadres (ménages aisés) à travers les vingt arrondissements de Paris va nous permettre de mieux comprendre la géographie sociale de cette ville.
Carte : Les arrondissements de Paris
Carte : répartitions des revenus modestes à Paris en 2005
Carte : répartitions des revenus moyens à Paris en 2005
Carte : répartitions des revenus aisés à Paris en 2005
A Paris, on voit immédiatement la présence d'une véritable opposition entre l'ouest plus aisé et l'est relativement plus modeste. Ces contrastes sont le résultat d'une évolution progressive et ancienne.
Pourquoi un tel contraste ?
A Paris, l'opposition entre l'ouest riche et l'est plus pauvre date de la fin du XVIIème siècle et du début du XVIIIème siècle, lorsque les familles aristocratiques et les bourgeois ont quitté la partie est de la ville, surtout le Marais, pour le faubourg Saint-Honoré et le faubourg Saint-Germain et, plus à l'ouest, en direction de Versailles, où se trouvait le palais du roi.
Au XIXe siècle, le contraste est-ouest se renforce avec l'extension rapide de la ville. Les familles riches se fixent surtout dans l'ouest, parmi les vergers et les jardins, sur des terrains vallonnés (alternance de plateaux et de vallées) se prêtant parfaitement à la création de logements agréables. La classe ouvrière, pour sa part, s'installe dans de plus petits logements et sur des terrains moins onéreux dans le nord et l'est.
Sous la Restauration ainsi que sous le Second Empire, l'industrialisation et la Révolution Industrielle commencent à apparaître. Les usines, et donc les ouvriers s'installent de façon privilégiée à l'est. Les principales raisons de cet emplacement sont les suivantes :
- Les canaux de Saint-Denis permettent de manière relativement aisée le transport des marchandises.
- Les usines, en se positionnant dans le nord et l'est, sont plus proches du fer lorrain et du charbon extrait dans le nord de la France, principales matières premières utilisées dans ces usines.
Écluse du canal Saint Denis (Vers 1910)
Cependant, la capitale est aussi l'objet d'une immigration très importante, si bien qu'en 1866, un tiers seulement des habitants de Paris y sont nés. Ces immigrants ont , en majeure partie, pour foyer d'origine des régions relativement proches à savoir le nord et l'est de la France. Les principales causes de ces vagues successives d'immigrations sont l'attrait de plus hauts salaires jumelé avec un espoir d'ascension sociale ainsi que des possibilités d'emplois plus importantes. Or cette population, généralement pauvre, afflue de manière régulière dans les quartiers nord et est.
A contrario, l'ouest de Paris est de plus en plus habité par des populations aisées. En effet, en plus de la proximité de Versailles et de La Malmaison, Paris voit son urbanisation transformée par les travaux haussmaniens.
Les travaux effectués par le Baron Haussmann, nommé prefet de Paris par Napoléon III en 1853 et qui resta à ce poste jusqu'en 1870, métamorphosent la capitale durant tout le Second Empire. Il réalise au cours de ces dix-sept années un véritable bouleversement urbain. Ces travaux consistaient en grande partie à élargir les grands axes est-ouest et nord-sud et à la construction de nouveaux bâtiments ce qui aura pour conséquence une forte augmentation des loyers. Ces travaux, tout en amenant une foule d'ouvriers à Paris, excluent également les populations les plus pauvres du centre.
Actuellement, les ménages "à revenus moyens", c’est-à-dire un niveau de revenus compris entre 1 105 et 2 860 euros par mois par unité de consommation, sont mieux répartis sur le territoire parisien que ne le sont les ménages "aisés" et les ménages "à revenus modestes". Ils sont néanmoins un peu plus implantés dans les arrondissements du sud-est de la capitale où ils sont majoritaires (11e, 12e, 13e, 14e et 15e) ainsi que dans le 20e.
Pour conclure, on peut donc affirmer que la structure socio-spatiale de l'agglomération parisienne était déjà formée à la fin du règne de Louis XIV et qu'elle est restée intacte jusqu'à nos jours.