I - Paysage géographique du bassin de l'Irrawaddy :
Avec ses 676 000 km² environ, la Birmanie est le plus étendu des 5 pays de l'Asie du Sud-Est continentale, y occupant plus du 1/3 des terres. L'Union of Myanmar, ainsi que l'a rebaptisée la junte le 18 juin 1989, s'étire sur quelques 1 800 km, des sommets pré-himalayens au nord, jusqu'aux plaines côtières de la mer d'Andaman au sud. Les dernières estimations de sa population (2010) avancent le chiffre de 48 137 millions d'habitants avec une densité d'environ 75 hab./km².
Carte - Relief du bassin de l'Irrawady
Carte - Densité de population du bassin de l'Irrawady
Sensiblement inférieure à la densité moyenne régionale (plus de 120), la Birmanie est souvent considérée, en comparaison avec son voisin le Bangladesh (1 045 hab./km²), comme étant un "creux démographique". En fait, cette faiblesse relative de la densité est essentiellement celle des régions périphériques, c'est-à-dire celle des 7 Etats dont la population est en majeure partie composée de représentants des minorités ethniques. Dans les provinces ou divisions birmanes du centre du pays, ainsi que dans le pays môn, la densité est nettement plus élevée. Aussi, comme c'est le cas en Thaïlande et au Cambodge, la majeure partie des effectifs de population est rassemblée dans la partie inférieure du couloir fluvial central.
Carte - Division administrative du Myanmar
Ce fleuve central est bien sûr l'
Irrawaddy :
Avec ses affluents, dont la très imposante rivière Chindwin, le grand fleuve draine les 3/5èmes du territoire dont 100 000 km² de basses terres, autrement dit l'essentiel de celles dont dispose le pays. Dans la région, seul le Mékong est plus impérial, en particulier à l'endroit des territoires du Cambodge et du Laos. Comme lui, l'Irrawaddy connaît des variations de débit considérables, les principales crues de son delta survenant vers la fin de l'été alors qu'il transporte une lourde charge de limons que la pluie de mousson et ses affluents sont allés arracher aux hauteurs environnantes.
Cartes - Vue en 3D du bassin et du delta de l'Irrawaddy
Source de l'image satellite : ESA
Son bassin occupe en réalité un immense fossé d'effondrement, soumis à de fréquents tremblements de terre et traversé par des structures plissées orientées nord-sud. Celles-ci donnent naissance à des massifs longilignes de moyenne altitude, tels le Pegu Yoma (moins de 1 000 m). Ainsi alternent, dans le bassin même, des ensembles de collines et les terrasses alluvionnaires à la fois formées et alimentées en eaux par le réseau du grand fleuve.
Photo - Vue du fleuve Irrawaddy
Photo - Vue du fleuve Chindwin
Les rivières qui lui donnent naissance, les Me Hka et Mal Hka, prennent leurs sources dans les hautes montagnes du nord-est, dans le cas de la première au pied même du mont Hkakabo Razi, le sommet de l'Asie du Sud-est (5 881 m), situé à la frontière de la Chine et de l'Inde. Avant d'atteindre son embouchure, après quelques 2 200 km de parcours, l'Irrawaddy aura drainé trois grandes régions :
- La première, en majeure partie montagneuse, correspond essentiellement à L'Etat Kachin. C'est la moins densément peuplée (envir20 hab./km²).
- Entre Bhamo et l'embouchure de la rivière Chadwin, l'Irrawaddy effectue un parcours de près de 1 400 km, traversant ainsi une deuxième région, la Dry Zone (zone sèche), qui correspond au coeur de la Haute-Birmanie.
- A l'aval de Mandalay, après avoir reçu le renfort de son principal affluent, la rivière Chadwin, l'Irrawaddy traverse une longue plaine s'étalant entre les monts Arakan et les monts Pegu. A l'est de ceux-ci, poursuivant un cours parallèle à l'Irrawaddy - il s'agit en réalité de l'ancien cours du grand fleuve -, le fleuve Sittang parcourt une plaine plus étroite et débouche sur le golfe de Martaban, juxtaposant ainsi son propre delta à celui de l'Irrawaddy.
Photo - Rangoon, Shwedagon Paya
Au total, l'Irrawaddy et ses ramifications, tout particulièrement la rivière Chindwin, représentent encore aujourd'hui les artères essentielles non seulement de l'agriculture mais aussi des communications et des échanges commerciaux internes du pays. D'ailleurs, pendant la période coloniale, par l'expression "the road to Mandalay", les Britanniques désignaient en réalité l'Irrawaddy.
II - La question ethnique
L’État birman englobe un grand nombre d’ethnies : les Birmans (75 %), les Shans (11 %), les Arakans (6 %), les Karens (5 %), les Môns (3 %), les Kachins (2,5 %), les Chins, les Karennis (Kayahs), les Lahus, les Rohingyas, les Gurkhas, les Palaungs, les Méos (Hmongs), les Nagas, les Akhas, les Lisaws, les Kadus, les Was, les Mokens (ou Mawkens), etc.
Carte - Les principaux groupes ethnolinguistiques
Le pays compte aussi 150 000 Chinois et 800 000 Indiens. Trois de ces ethnies font souvent parler d'elles en se révoltant régulièrement contre l’ethnie majoritaire birmane : les Karens, les Kachins et les Shans. De plus, les Was vivant sur la frontière avec la Chine sont périodiquement en insurrection.
Les Birmans, groupe ethnique le plus important de la population, parlent le birman. Son alphabet repose sur le sanskrit et le pali, les deux langues sacrées du bouddhisme. Tandis que les minorités du pays, qui représentent environ 23 % de la population totale et occupent les 2/3 du territoire, parlent une centaine de langues : le shan (11 %), l’arakan (6 %), le karen (5 %), le môn (3 %), le kachin (2,5 %), le chin, le karenni, le lahu, le rohingya, etc. La plupart de ces langues sont d’origine sino-tibétaine, mais certaines d’entre elles, comme le môn, appartiennent à la famille austro-asiatique. En plus du birman, l'anglais, le chinois et le thaï sont très utilisés dans ce pays en tant que langues véhiculaires.
III - Le cyclone Nargis - mai 2008
Le cyclone Nargis s'est formé le 27 avril 2008 au centre du golfe du Bengale et a frappé le côté sud-ouest de la Birmanie le 2 mai vers 12 TU.
Image - Le cyclone Nargis, le 1er mai 2008
Avec des vents oscillant entre 200 et 250 km/h, une onde de tempête de plus de trois mètres et des pluies diluviennes, il a généré des dégâts très importants dans la région du golfe de Martaban. Nargis est passé à proximité de la capitale Rangoon avec des vents soufflant toujours à 130 km/h, avant de perdre de son souffle dans les montagnes à la frontière du pays avec la Thaïlande, tôt le 3 mai.
Sur ces deux images satellites, on mesure parfaitement l'ampleur de la catastrophe. Le 15 avril, qui correspond à la première image, les limites des rivières et des étendues d'eau douce sont très bien définies par rapport aux zones agricoles et de végétation. Le fleuve Irrawaddy est net et bien délimité également. Chaque bras du delta est visible et facilement identifiable.
Image - Le delta vu par le stallite Terra de la Nasa avant le passge du cyclone le 15 avril 2008
Les inondations peuvent être difficile à voir sur des images satellites “normales”, particulièrement lorsque l’eau est boueuse. Deux autres images MODIS, prises par le satellite Terra de la Nasa utilisent une combinaison en visible et en infra-rouge léger afin de faire ressortir les parties inondées. L’eau apparaît en bleu ou noir, la végétation en vert vif, la terre nue en brun ocre rouge et les nuages en blanc ou bleu clair.
Image - Le delta vu par le stallite Terra de la Nasa après le passge du cyclone le 5 mai 2008
Le cyclone aurait causé la mort d'environ 22 000 personnes.
IV - Cartographie birmane
Carte - Myanmar par les Birmans
Sources :
- L'Asie du Sud-Est de Rodolphe de Koninck aux Editions Masson géographie.
- Wikipédia : Myanmar.
- Earth Observatory, Nasa : Naturel hazards.
A Lire :
- Une histoire birmane de George Orwell, 1934 aux Editions Ivrea.
- La Vallée des rubis de Joseph Kessel, 1955 aux Editions Folio poche
Pour les amateurs de Bandes Dessinées :
Karennis t.1 Comme des ombres sur la terre, O.Ferra
Les chroniques birmanes, Guy Delisle (Editions Delcourt, collection Shampooing)
www.le-cartographe.net