Stratégie de sécurité alimentaire
Avec l'augmentation des prix agricoles, de la population mondiale, donc de la demande, plusieurs pays achètent ou louent des terres agricoles hors de leur territoire (la Chine au Laos, l'Inde en Argentine et à Madagascar, le Japon au Brésil, la Libye en Ukraine...).
Schéma : Le déséquilibre agricole chinois en 2010
Concernant la Chine, la question s'avère hautement stratégique. En effet, le pays dispose de 9% des terres arables de la planète pour nourrir 20% de la population mondiale. Or, le recul grandissant de ces terres labourées, couplé par des ressources en eau de plus en plus polluées, rend le défi extrêmement difficile. Si le recours à davantage d'importations est inévitable, la « délocalisation » de l'agriculture semble aussi être une solution envisagée.
C'est dans un "document n°1" (directive de première importance) émis en 2007, que le comité central a insisté sur la nécessité pour l'agriculture chinoise de "sortir de ses frontières" de manière rapide, posant ainsi de nouvelles exigences à l'agriculture et au secteur professionnel rural.
Carte : Les achats de terres internationaux de la Chine en 2008
L'expression "sortir de ses frontières" englobe de fait :
- l'exportation de produits agricoles
- la coopération et l'aide agricole internationales
- les investissements directs agricoles
Cette politique consiste, pour les entreprises chinoises, à investir directement à l'étranger et à s'y livrer à la production ou à la gestion agricole de façon autonome.
Elle se traduit par des sorties :
- de capitaux
- de technologies
- de produits ou de main-d'œuvre
Le tout dans un esprit de coopération et de recherche de profits. Mais, comme pour d'autres pays dont la politique agricole est identique (Corée du sud, Inde, Japon...), il s'agit avant tout, par ce moyen, de développer une stratégie de sécurité alimentaire.
Carte : Les terres agricoles chinoises en 1988
La chine manque en effet cruellement d'espaces agricoles pour nourrir sa très grande population. Malgré un immense territoire, la Chine est occupée à 40% de zones montagneuses dont l'altitude est supérieure à 2 000 m (Plateau tibétain, Pamir...) ainsi que par de grandes zones désertiques (Désert de Gobi, désert du Taklamakan).
Image satellite (ENVISAT) : Le désert de Gobi (Credit image : ESA)
En conséquent, selon une estimation, la Chine compterait actuellement une quarantaine d'entreprises phares dans l'agriculture industrialisée implantées à l'étranger (DTE, Chongqing, CSFAC, CNADC...) et dont certaines sont côtées sur des places boursières étrangères. Les investissements porteraient sur 1,5 milliards d'euros et concerneraient plus de 30 pays à travers le monde.
Le gouvernement s'est par ailleurs doté en l'an 2000 d'un Ministère du Commerce international et d'une équipe spécialisés dans la promotion et le commerce des technologies agricoles en dehors de ses frontières.
Sources :
- Wikipedia
- Courrier international (n°991 du 29 octobre 2009)
Sur le même sujet :
- Novethic : La Chine manque de terres arables, par Anne Farthouat
- Good morning Africa : Achat des terres agricoles : une opportunité de développement ?