La commune lorraine de Belrain, située dans la Meuse (55), nous a contacté pour réaliser, suivant un cahier des charges précis, un plan touristique destiné aux touristes de passage.
Pour le plaisir des géographes, voici ce que l'on peut lire sur le site de la commune :
Une côte, trois unités de paysage.
La vue aérienne, regardant vers le nord-ouest, traduit bien le caractère rythmé, en bandes parallèles, des paysages de la Côte des Bars. Etiré en oblique au centre de l’image, le front de la côte constitue, avec 60 mètres d’énergie, un relief d’ampleur modeste. Associée à un ourlet forestier épais et continu qui la signale nettement dans le paysage, la côte n’en constitue pas moins une véritable barrière que la route de Pierrefitte à Bar-le-Duc franchit par une longue rampe.
Sur la gauche s’étale le plateau, gradin désert perché à 340 m. d’altitude. Cette « Petite Montagne » se partage entre de grandes masses forestières (Bois de Belrain) et des terres de labours. Des affleurements blanchâtres trahissent la nature calcaire de cet entablement, épais de cinquante mètres, d’où l’on a longtemps extrait des matériaux de construction et d’empierrement des chemins.
A droite se développe la dépression du ruisseau de Belrain ouvrant sur la vallée de l’Aire. Ses formes amples sont dominées par la silhouette massive de la butte de Frouvémont, largement boisée de résineux qui se démarquent des feuillus par leur teinte verte. Cet îlot, que son altitude (348 m) raccorde au plateau, constitue un témoin préservé de l’ancienne avancée de la « Côte ». C’est au pied de cette dernière qu’est abrité le village de Belrain, sa rue principale alignée sur le tracé rectiligne du relief.
Un pays transformé par le repli des campagnes.
Le survol rapproché du village, éclaté en trois îlots (à l’alignement principal s’associent l’écart du château (XVIIe s) et la chapelle Sainte-Geneviève qui a conservé l’enclos du cimetière), dévoile le visage d’un petit « pays » (…).
La côte, d’où suinte de nombreuses sources, est modestement valorisée. Le site défensif perché de la Bosse, importante motte féodal, est depuis longtemps rendu à la forêt. Le départ de la pente du talus, instable (l’histoire récente note des effondrements en 1810 et vers 1925), est précautionneusement déserté. Enfin l’arboriculture, traditionnelle sur les côtes lorraines, se réduit ici à de rares parcelles, auxquelles s’ajoutent des vergers-reliques en arrière des maisons. Le village présente des maisons lorraines traditionnelles, en moellon local et pierres de Savonnières. Etirées en profondeur, prolongées par le jardin, leurs couvertures de tuiles rondes (mais la tuile plate de réfection domine aujourd’hui) sont trouées par les flamandes. L’originalité vient de larges bâtiments agricoles aux toits de tôles (on peut signaler le silo particulièrement visible) qui se sont piqués au milieu des alignements de maisons au fur et à mesure que d’anciennes constructions ruinées s’effaçaient. Cette réaffectation massive d’emplacements libérés au cœur du village, favorisée par la concentration du bâti en un nombre limités de familles, révèle le repli des habitations dans ce village, épargné par les deux guerres, qui comptait 240 habitants en 1851 et 118 en 1914. En marge de ces réutilisations à usages agricoles (…) les trous provoqués par les démolitions servent à créer le jardin privatif qui manque à quelques maisons du centre. (…) Ailleurs, des bâtiments ruinés ont été dégagés, puis leur emplacement rendu à l’herbe ou laissé à la friche.
Entre abandon et revitalisation
(…) Enfin le village épargné par les guerres offre un bâti souvent ancien (XVIIIe et XIXe s.) (…)
La réponse de la communauté villageoise, avec peu de moyens et peu d’aides, est à la fois collective et individuelle. L’îlot de la vieille école, rénové, est loué à un couple ; quant à la salle d’école, devenue salle polyvalente, elle accueille les habitants « de 7 à 77 ans ». Ailleurs, ce sont des particuliers qui mettent à la vente des maisons à rénover, comptant sur l’attrait que Belrain et sa « Côte » pourraient exercer vis à vis d’étrangers en quête de quiétude et de charme aux portes du Barrois, pour une résidence toute l’année ou plus probablement en belle saison. Dans ces perspectives, nul doute que la venue dans un proche futur du TGC-Est, en mettant la gare meusienne à 10 minutes de Belrain, pourrait apparaître comme un ultime et salutaire levier pour qui saura le manœuvrer.
Airy Durup de Baleine
(Connaissance de la Meuse, avril 1997, n°44, p. 18-19, ill., Carte.)
Source : http://www.belrain.fr