La victoire et la gloire par l'imagination tactique
Peu de combats illustrent aussi bien que celui-ci le génie militaire et la transition entre deux périodes de l'Histoire : l'époque classique, celle des cités-États en guerre constante, et l'époque helléniste.
Infériorité numérique, terrain défavorable, armements moins performants, peuvent parfois devenir autant d'atouts pour le véritable génie militaire. Napoléon ou le Gengis Khan ont à jamais marqué l'histoire par leurs stratégies de combat innovantes. Epaminondas fait également partie de ces généraux de grand talent qui, en changeant les règles de la guerre, se sont assurés une victoire impossible.
En effet, Leuctres, petite cité de Béotie, en Grèce, près de Thèbes fut le théâtre d'une des batailles les plus inventives dans l'art de la guerre. Le 6 juillet 371 av. J.-C., les Thébains conduits par le béotarque Épaminondas ont ainsi infligé une sévère défaite aux Spartiates du roi Cléombrote Ier.
Graphique : Les effectifs de la bataille de Leuctres
7 000 Thébains contre 10 800 spartiates sur-entrainés et très bien équipés. En théorie, Thèbes court à sa perte, en théorie seulement.
La bataille :
"Le roi spartiate, sûr de lui, aligne uniformément tous ses régiments d'hoplites sur plusieurs centaines de mètres comme le veut la tradition. Epaminondas, conscient qu'un combat frontal en ligne serait suicidaire, va changer les règles de la guerre. Il rompt l'uniformité en renforçant son flanc gauche qui fait face au général ennemi Cléombrotos. Il ajoute aux 8 rangs traditionnels d'hoplites, 42 rangées supplémentaires de soldats. Cette formation de combat inédite regroupe 2 400 hommes au lieu des 600 habituels. Une révolution !
Soucieux d'atteindre coûte que coûte l'ennemi "à la tête", le général thébain place à côté de son régiment, le Bataillon sacré de Pélopidas (corps d'élite formé par la grande cohésion de 150 couples d'amants guerriers). Le flanc droit de l'armée thébaine, très affaibli, n'aura pas à combattre : il est déployé en 4 "échelons refusés", c'est-à-dire en recul de la ligne de front.
La bataille débute par un assaut de la cavalerie thébaine qui disperse celle de Sparte, moins nombreuse. Pélopidas et son bataillon attaquent alors les Peltastes de Sparte et atteignent le régiment de Cléombrotos tandis qu'Epaminondas amorce, à la tête de sa formidable formation, au son des flûtes et des tambours de guerre, son irrésistible avancée. Très rapidement, la cavalerie thébaine et le bataillon sacré coupent toute retraite au roi de Sparte. Le choc entre les hoplites des deux camps est extrêment violent. Les premiers rangs des deux armées s'effondrent, s'écrasent les uns contre les autres. C'est une mêlée indescriptible sur laquelle se déverse sans cesse l'intarissable flot des hoplites thébains. Cléombrotos et ses officiers sont pris au piège et sont tués." P. J.-B.
Vaincue sur terre pour la première fois de son histoire, secouée par une crise sociale et économique importante due à la rigidité de ses structures, Sparte va s'effondrer...
Les pertes :
Source :
- Patrick Jean-Baptiste, Sciences et Avenir, n°630, août 1999, p 55
- Atlas du monde antique, Édition Solar, 1993
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