Le Fuji rouge de Katsushika Hokusai (peinture de 1830) a souffert du séisme de 2011. Cette couleur, en effet, est aussi celle du volcan (en bas à gauche, au-dessus de la péninsule touchant le bas de l'image) sur cette cartographie des variations de vitesses des ondes sismiques induites par le séisme. Elles témoignent des contraintes mécaniques auxquelles est soumis le sous-sol. © Florent Brenguier
La pression du sol, mesurée par les perturbations de la vitesse des ondes sismiques après le séisme, est plus forte au niveau des zones rouges. Au premier plan, sur cette vue orientée vers le nord, on reconnaît le mont Fuji, dont la couleur indique que là ont été observées les perturbations les plus fortes. Pour un sismologue, le sous-sol de cette région, située à 500 km de l'épicentre, a donc plus souffert que celui de Fukushima. © Florent Brenguier, Google Earth
Le séisme a perturbé davantage les zones volcaniques que les régions les plus proches
À la suite du séisme géant de Tohoku-oki en 2011, les chercheurs ont analysé plus de 70 téraoctets de données sismiques issues de ce réseau. Ils ont alors montré pour la première fois que les zones où les perturbations de l’écorce terrestre étaient les plus importantes ne correspondaient pas à celles où les secousses ont été les plus fortes. Elles étaient, en effet, localisées sous les régions volcaniques, en particulier sous le mont Fuji. Cette nouvelle méthode a donc permis aux chercheurs d’observer les anomalies causées par les perturbations du séisme dans les régions volcaniques sous pression. « Ce que nous mesurons, ce sont les petites variations de vitesse des ondes sismiques induites par le séisme, ajoute Florent Brenguier. Elles sont faibles, de l'ordre de quelques millièmes ou dix-millièmes de la valeur moyenne, de plusieurs milliers de mètres par seconde, mais elles indiquent l'état du sol. »
Le mont Fuji, qui montre l’anomalie la plus élevée, est probablement soumis à un état de pression important bien qu’aucune éruption n’ait encore eu lieu à la suite du séisme de Tohoku-oki. Cependant, le séisme de magnitude 6,4, qui s’y est produit quatre jours plus tard, confirme le niveau de pression élevé de ce volcan. « Le sous-sol est dans un état critique. » Ces résultats vont dans le sens des théories selon lesquelles la dernière éruption du mont Fuji en 1707 a été très probablement déclenchée par le séisme géant de Hoei, de magnitude 8,7, survenu 49 jours plus tôt.
Pour autant, ajoute Florent Brenguier, « on ne peut pas affirmer qu'il existe un risque majeur d'éruption. Souvenons-nous qu'aucune n'a eu lieu à la suite du séisme qui a provoqué le tsunami à Sumatra ». Le lien, nous précise-t-il, est statistique et peut se faire à l'échelle historique : « il y a davantage d'éruptions après un séisme ». Ces résultats, publiés dans Science, montrent déjà comment caractériser les régions affectées par des pressions élevées de fluides volcaniques grâce aux données sismiques issues de réseaux de capteurs sismiques denses. Ils permettent ainsi d’améliorer l’estimation du risque d’éruptions volcaniques majeures à travers le monde.
Source : CNRS, Futura-Science.com